C’était justement ce à quoi Hélène s’adonnait. Depuis plus d’une heure, assise là, à un mètre de moi, elle avait d’abord longuement étudié mon visage.
Silencieux, les yeux clos, mes joues étaient creusées, plus encore que mes orbites oculaires, et mes lèvres toujours charnues avaient perdu leur couleur.
Pour qui m’aurait croisé ou comme Hélène, mieux connu, je crois qu’il était encore possible de sentir, par delà les paupières, la présence bleue de mes yeux.
Contrairement à mon habitude, mes cheveux bruns et grisés aux tempes, avaient été coiffés avec soins. Ce n’était pas de mon goût et comme je le pense, pas de celui
d’Hélène non plus.
Elle redoutait ce qui cherchait à paraître impeccable. Selon elle, la perfection figeait et mettait à distance. De taille moyenne,
elle était fine et savait se mettre en valeur par les vêtements qu’elle portait. Ses cheveux blonds bouclés entouraient avec douceur un visage un peu anguleux
que perçaient deux yeux vifs et verts. D’elle émanait une assurance certaine. Ses gestes étaient précis et sa voix posée. Pour l’occasion, elle avait passé une
robe sobre et brun sombre, que réveillait un petit foulard de soie, vaporeux et rose, noué autour de son cou.